Visite du Gouffre d'Esparros
Les visiteurs s’engouffrent dans un tunnel sombre. « Il y a un loup ? », s’inquiète une petite fille. « Non, mais peut-être croiserons-nous des chauves-souris », la rassure Frédérica, notre guide.
La lumière rythme la visite. Afin de préserver les concrétions du gouffre, les lampes leds ne se déclenchent qu'en détectant la présence de visiteurs. Le cliquetis de l’eau envahit l’espace. Ici, il pleut sur la terre et dans la terre. L’eau cherche son passage, joue sur les volumes, la matière, creuse et crée des vides. Le groupe s’engage dans la partie supérieure. C’est la plus sportive car il faut gravir une cinquantaine de marches pour y accéder. Le spectacle saisit. La nature a fait des merveilles. Dans ce temple préservé, une sérénité envoutante se dégage. Les stalactites se nourrissent de l’eau. Au détour d’une galerie, le trésor d’Esparros se dévoile. Les cristaux d’aragonite, minéral rare et fragile, jaillissent blancs presque translucides. Tantôt ils parsèment les parois identiques à des fleurs givrées, poussent comme des choux fleurs ou émergent tel du corail blanc.
Frédérica conduit sa petite troupe vers la partie inférieure. Un instant hors du temps. Pourtant, ce havre de paix a vécu des moments intenses de vie. Le sol scintille. Tel du lilas, des bouquets d’aragonite fleurissent. Les stalactites embrassent les stalagmites pour former des colonnes. Le gypse brille comme une rivière de diamants. Une goutte tombe sur un front. Le voilà baptisé au Gouffre d’Esparros. Frédérica guide ensuite tout le monde dans le noir pour ménager le suspense. Le couloir, bordé de colonnes et de stalactites, s’élargit pour surplomber un vaste plan où l’eau repose, silencieuse. Au plafond, la roche revêt des formes proches de l’irréel, défiant les lois de l’apesanteur. La salle du lac invite à la contemplation. Une musique jouée sur des stalactites monte. La cavité vit. L’émotion s’empare de chacun et incite à chercher sa vérité ou rêver à sa guise. Tout autour, l’eau raconte son histoire. Elle ruisselle, frémit, suspend le temps et donne naissance à des concrétions souvent excentriques.
Comment ressort-on du Gouffre d’Esparros ? Abasourdi ? Mieux que cela : zen avec le sentiment d’avoir touché du doigt un bout d’éternité.