Visite des grottes de Gargas
Elles n'ont pas livré tous leurs mystères
Devant l’entrée naturelle de la galerie supérieure, les visiteurs ouvrent grand leurs écoutilles. Nicolas Ferrer, le spécialiste des grottes de Gargas, distille ses révélations. Il entretient le mystère et renvoie à un souvenir inscrit dans les gènes de chacun depuis l’âge de pierre. La mémoire profonde fait écho. L’homme de Cro-Magnon semble encore présent. Il n’était finalement pas bien différent. Le groupe plonge dans le ventre de la cavité, au cœur de la préhistoire. Juste le temps que l’œil s’habitue à la pénombre et la machine à remonter le temps se met en route. Là, l’homme à laissé son empreinte dans tous les sens du terme. L’éclairage renforce le côté mystique, car, ici, tout est mystère. Déjà, en contrebas, une première peinture attire le regard. Il s’agit d’une œuvre abstraite avec plusieurs lignes courbes en pointillé, surmontées d’une tache ocre. Signalétique ? Toutes les hypothèses et folles théories s’ouvrent et donnent du peps à la visite.
Au fond de cette première grotte, à plus de 3 mètres de hauteur, deux bouquetins dessinés au manganèse se suivent depuis plus de 15 000 ans. L’imaginaire prend le relais. Chacun aperçoit ces hommes venus du fond des âges, perchés et éclairés d’une lampe à graisse, badigeonnant la paroi. Cro-Magnon n’a pas vraiment habité cette partie de la grotte. Il semble qu’il ne soit venu que peindre dans cette pièce-galerie. Est-ce dans un but purement artistique ou chamanique ?
Plus bas, un autre bouquetin surgit. Preuve que ces animaux peuplaient déjà les Pyrénées. Un tunnel artificiel relie cette galerie à une autre, plus bas. Quelques marches et un saut dans le temps. Nous voilà dans le gravettien ancien (-27 000 ans). Presque hier. Dans la descente, un bison continue sa course. On passe ainsi d’une époque à l’autre. Mais seule la manière de tailler leurs outils différencie ces hommes à leurs voisins de l’étage supérieur. Un chemin lumineux mène à une cavité au plafond bas. Attention la tête !
Puis, s’ouvre, majestueux, le sanctuaire des mains. On en dénombre 231, mais aussi des traces digitales faites d’argile. Aucun lieu équivalent n’est connu dans le monde. Vous êtes dans une vraie grotte préhistorique. Tous, hommes, femmes, enfants et même bébés ont laissé leurs empreintes suivant la méthode du pochoir. Mis à part le pouce, la majorité des doigts semblent amputés et réduits à une phalange. Seules 17 sont entières. Quel est ce mystère ? Engelures ? Mutilations ? Maladies ? Doigts repliés ? Langage en code ? Signature d’une famille ? La question reste entière mais les théories ne manquent pas. Chacun se fera sa propre idée en communiant avec le site.
Nicolas fait voyager sa troupe comme dans un conte. L’homme n’a pas été le seul locataire des lieux. L’impressionnant ours des cavernes venait hiverner. En fermant les yeux, on entendrait presque son long souffle apaisé aux creux de l’oreille.
Dans cette grotte inférieure, l’instant semble suspendu. Mais n’oubliez pas de regarder autour de vous. En haut, à droite, à gauche, au dessous, partout le temps a gravé son passage et sculpté le décor. Stalactites, stalagmites, draperies et au sol, tantôt des vagues de roche, tantôt des flaques vides, comme si l’océan avait lui aussi laissé son empreinte. Nicolas éclaire une main lovée dans une niche qui lui donne une dimension symbolique. Certains grelottent. L’air humide protège les peintures et donne une impression de froid. Forcément, l’hydrométrie est très surveillée pour préserver les lieux.
Il faut se baisser pour admirer les gravures. Avec sa lampe, Nicolas en souligne les contours. Cheval, auroch, bison, bouquetin et mammouth se laissent deviner avec les yeux de la foi. Autour, les paillettes calcaires sur les concrétions donnent une touche disco. Insolite.
Le groupe arrive dans la grande salle d’entrée où le porche effondré a bloqué l’accès à de nouvelles incursions humaines jusqu’au XVe siècle. Ici l’homme de Neandertal campait, associant vie et culture. Aujourd’hui, les archéologues cherchent toujours à 8 mètres sous terre. Ils mettent à jour des blocs de pigment, des os, des charbons de bois pour mieux connaître ces anciens habitants. Le livre de l’histoire de Gargas se lit petit à petit au fil des découvertes. Mais la lecture n’est pas achevée. Tant de mystère restent à percer.
Nestplori@, centre d'interprétation numérique des grottes
Via des outils numériques innovants, Netplori@ met en scène les réponses et les questions des scientifiques sur le site exceptionnel de Gargas. Ce centre d'interprétation nouvelle génération propose un parcours interactif passionnant où vous pourrez tour à tour découvrir, jouer, étudier, apprendre...
Exposition « les explorateurs de la Préhistoire »
Une chasse au trésor ludique pour toute la famille !
L’exposition vous propose de participer à un chantier de fouille : armé des outils de l’archéologue (carnet, pinceau et petite pelle) vous devrez mettre au jour les restes d’un campement préhistorique et mener une enquête scientifique sur l’histoire du lieu et de ses habitants.