Objectif cocooning

J’arrive à Cauterets, je remonte la rue Richelieu et bientôt j’aperçois l’hôtel « Le Lion d’Or » bordé de balcons à l’angle de la petite rue de la Puyadette.
Je pousse la grande porte en bois et déjà je sens la bonne odeur des croissants chauds et du café. Thomas est là derrière son comptoir, avec un grand sourire. Quelques personnes dans la salle de restaurant prennent leurs petits déjeuners.
Bernadette, le sourire aux lèvres, nous rejoint, elle a déjà mis son tablier. On s’installe toutes les deux dans le petit salon et Thomas m’apporte son jus d’orange pressé.
Ça commence bien, quel accueil chaleureux !…

Très vite, Bernadette prend la parole et me raconte l’histoire du Lion d’Or.
C’est une vraie histoire de famille qui commence :

"Il y a plus de cent ans, 102 ans exactement, l'oncle de mon père, Eugène Comte, était propriétaire de l'hôtel. Il a alors décidé de se retirer des affaires. N'ayant pour successeur que deux neveux, l'oncle Eugène mit le plus âgé des deux à la tête de l'hôtel. Mais il se rendit très vite compte que ni lui, ni sa femme n'étaient faits pour l’hôtellerie. Alors il les renvoya et choisit de donner son établissement à mon père et ma mère. 
Il avait fait le bon choix.

Malheureusement mon père décéda très jeune et c'est ma mère seule qui prit les rennes pour mener à bien la mission qui lui avait été confiée.

A ce moment là, sans le savoir, l'hôtel devint une affaire de femmes.

En effet, c'est à partir de là que Rose-Marie, ma cadette, et moi même, nous nous sommes retrouvées auprès de notre mère pour la soutenir et l'aider."

Comment se passe votre quotidien ?

Nous étions très soudées toutes les trois et très complémentaires. Ma mère s'occupait des repas, ma sœur de la décoration et moi de la clientèle.

Thomas, le fils de Rose-Marie, grandit au milieu de nous. Comme tout bon garçon des "montagnes", il sillonne les pistes de ski à n'en plus finir. Il obtient son diplôme de moniteur de ski et exerce à Cauterets. Mais il donne des petits coups de mains à l'hôtel de temps à autre !

L'hôtel a beaucoup changé sous cette gestion féminine ?

Oh oui ! C'était un hôtel 1 étoile. Nous avions 27 chambres et nos clients étaient principalement des curistes. Puis nous avons obtenu une deuxième étoile en 1997 quand nous avons mis l’ascenseur.

Aujourd'hui, notre hôtel est classé 3 étoiles. On est passé de 27 à 18 chambres. Les chambres sont plus grandes, elles ont la salle de bain et les toilettes séparées, excepté quatre d'entre elles.
Nous sommes toujours à la recherche de petites améliorations, même si ce n'est qu'un objet à déplacer pour rendre les choses plus agréables ou plus pratiques. 

Nos clients sont des vacanciers, principalement des couples, beaucoup de jeunes couples. Nous avons très peu de curistes et très peu de familles car nous n'avons que 2 suites pouvant accueillir plus de 3 personnes.

Que faites vous pour attirer autant de jeunes couples ?

Tout d'abord, nous soignons la décoration et là c'est Rose-Marie qui avec ses doigts de fée et ses goûts de belles choses est la chef d'orchestre. Le mélange de meubles anciens et de beaux tissus, les objets de décorations d'époques, (il y a même le landau de quand on était bébé) font de cet endroit, une maison de charme et de caractère d'autrefois avec tout le confort d'aujourd'hui (accès wifi, tv écran plat, frigo, bouilloire, cafetière expresso etc...).
Nous profitons de toutes les inter-saisons pour refaire les chambres, et autres. Et oui pour nous il n'y a pas de vacances...

Du coup nos chambres plaisent beaucoup. Ce sont de petites chambres douillettes, "cocooning" diront certains. Elles sont toutes différentes et personnalisées. Leurs noms évoquent les montagnes, les lacs et les fleurs de notre région.

Et quel bonheur et quelle fierté lorsqu'on entend nos clients dire "que c'est beau chez vous et que ça sent bon la cire, le bois, etc...". C'est vrai qu'il y a du bois dans les pièces et ça sent bon la cire dès qu'on ouvre les portes des chambres.

De plus on a de la chance car notre hôtel est très bien situé. En plein cœur du village et non loin du départ de la télécabine pour se rendre à la station de ski du Lys.

Après une journée de ski, rien de mieux qu'un peu de balnéo pour effacer toutes les courbatures. Et pour cela, les Bains du Rocher sont là, en face de l'hôtel.

On peut manger aussi chez vous ?

Notre restaurant est réservé aux clients de l'hôtel. C'est un peu comme à la maison. Il n'y a jamais trop de monde. Les clients font ce qu'ils veulent chez nous. La demi pension n'est pas obligatoire. Il suffit juste de nous dire le matin si vous souhaitez diner ou pas. 

Et si vous souhaitez dîner à l'extérieur ce n'est pas le choix qui manque car à Cauterets il y a beaucoup de restaurants.

Nos clients sont chez nous en toute liberté. On souhaite qu'ils se sentent comme chez eux. Ça reste très familial. C'est un peu comme une pension de famille. On entoure nos clients mais tout en restant très discret.

Notre mère est restée dans sa cuisine jusqu'à la fin de ses jours. Aujourd'hui nous préparons avec Rose-Marie les repas mais le soir venu, très maniaque là aussi, elle  reste seule aux fourneaux pour y mettre sa touche finale.

Et Thomas alors que fait il ?

Auhourd'hui, Thomas ne monte à la station que si vraiment l'école de ski a besoin d'un coup de main. Il consacre son temps maintenant à l'hôtel. Il gère l'information, le site internet, il accueille les clients.

Bientôt c'est lui qui va reprendre l'affaire familiale. Rose-Marie et moi même ferons comme notre mère. Nous resterons à ses côtés pour l'aider autant que possible. Mais par contre Thomas ne proposera que les nuits avec les petits déjeuners. Il ne proposera plus la demi-pension. 

La gestion de cette affaire de famille va redevenir masculine ! C'est l'oncle Eugène qui va être content, vous pensez bien !...